18.40. Brest. L’appart. Odeur de curry. La radio.
Courant électrique sur l’Ile Longue comme un frisson lumineux
nette ligne zébrant le noir de la rade
becs de lumière tombant leurs faisceaux sur les toits de zinc et ardoise…
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Tracé
Il fait terriblement beau.
Terriblement
parce que mon père
parce que cet accident à Marseille
parce que cet attentat à Jérusalem…
Il fait terriblement beau
sur la violence du monde.
Air libre
Onze novembre. Sur la route côtière nord, Landunvez.
Pluie battant la lande en rafales puissantes. Tout est gris, et vert et ocre.
Vagues énormes venues de nulle part. Le mouvement régulier des essuie-glace.
Landunvez, route côtière nord, onze novembre.
Ma grand mère disait que lorsque les cloches ont sonné la libération,
le onze novembre mille neuf cent dix huit, il y a eu un rayon de soleil…
Cela qui
ce matin
soudain
l’automne
par la lucarne
un peu de rouge
un peu d’or
un peu de brume
sur le jardin humide
ce matin
soudain
l’automne
Regarder la lumière
A l’aube d’un matin d’été breton, nous faisons route vers le sud.
Le sud, Finistère.
Kerity-Penmarc’h. Grand soleil bleu, la lumière claque au blanc ciselé de la lanterne d’Eckmühl.
Rando à la traverse du village, jardins fleuris et clos, cours marines, pierre des murs.
Et puis l’ancienne voie ferrée longeant le marais…
Midi aux dunes de Pors Carn et la plage caraïbe sur sable blanc et fin.
Plus tard on longe les roches de Penmarc’h, immense champ de cailloux balisé de signaux, le soleil tape fort, les maisons s’alanguissent, animaux marins échoués en sommeil.
Traversée du port de Saint-Guénolé, ici la vie travaille, vol affolé des goélands au-dessus des bateaux de pêche et ramassage d’étiquettes de criée…
A nouveau la haute silhouette d’Eckmühl et tout cela que l’été traine dans son sillage.
Plus tard encore, la nuit en haut du phare, presque la nuit, sur le chemin de ronde.
L’espace déchiré chaque cinq secondes par le double faisceau de l’optique de Fresnel.
Découpe des côtes, humains là en bas, lumières petites, vent des hauteurs.
Vieilles légendes oubliées, mémoire des champs de roches devant Penmarc’h.
Au Poisson d’Avril, terrasse de bois sur le large et l’entrée du port du Guilvinec.
L’odeur de la nuit marine envahit la couchette de la capitaine où tu dors dans mes bras.
Par la fenêtre grande ouverte, clignotent les balises et les feux du port.
On dirait le sud.
Finistère sud.
Hanternoz
l’orage à frôlé Brest
mais n’a pas éclaté
remets ta veste batelière
il est temps de larguer
les amarres
D’ordinaire
La nuit dehors n’est plus
qu’une surface noire
Et les points rouges des grues
et le frisson électrique
L’arsenal assoupi
respire
Un vraquier glisse en silence
vers Brest
Laissez ma couronne aux sorcières et mes chimères à la licorne
L’addition de la journée # 10
…
d’abord c’est gris
je me rendors
je me réveille à nouveau
soleil petit vent tiède
l’étang s’étale au pied des monts
un peu de brume la-haut persiste
vert vert vert
les arbres déplient leur feuilles
les arbres déploient leurs fleurs
prudemment
sur l’eau verte les risées du vent
et des canards
les chants des oiseaux
le sentier sous bois
un escalier monte
à la plateforme de l’observatoire
de la-haut on domine tout l’étang
nul bruit rien d’humain
frôlement des ailes sur l’eau
bruissement des envols
cris des oiseaux
dans la sérénité de l’instant
…