I
Ciel / enfer chimérique de l’industrie
une ombre, seule, entre les cuves
et sur le fleuve, lent, une péniche.
II
Traces de dinosaures dans la boue le long des fleuves
ainsi nos pas dans les bibliothèques
nos corps dans l’espace
et nos âmes au fil du temps.
III
On m’a donné l’adresse, vague
d’un café-brocante-librairie-épicerie
vers où je chevauche
en vieille mobylette bleue.
IV
Parce que j’avais voulu
alors j’avais couru
et puis j’avais lu
sur la porte fermée
le menu périmé
d’un dîner rêvé.
V
Immobile au chaud du feu,
j’écoute le souffle du vent dans la charpente que
l’armoire supplante de craquements sporadiques
il se pourrait, aussi, que quelqu’un frappe à la porte.
VI
Orthodoxie du bleu
accalmie des lieux
reflets au milieu
parfum de l’adieu.
VII
Je ferai le voyage en tram et j’espère que mes esprits
m’accompagneront tous : besoin d’eux sur la route
jusque chez toi où le tram m’amènera.
VIII
Derrière la chapelle
un chemin d’herbe
parfumé de miel
mène à la clairière
où je t’attendrai.
IX
Le sommeil chaque soir vient brûler
l’addition de la journée
dont la fumée colore l’aube suivante.
X
Mais je ne dis rien des allumettes
je ne dis rien de ce qui
je ne dis rien de ce que
je ne dis rien de ce qui se tait
je ne dis rien de ce que je sais
je ne dis rien des allumettes.
Les lignes en gras appartiennent successivement à : Octavio Paz / Michel Butor / Georges Perros / André du Bouchet / Jean Grosjean / Jean-Michel Maulpoix / Kenneth White / Véronique Laupin / Yves Artufel / Guillaume Apollinaire.